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Trois copains peintre à la "cité des artistes"

A la rencontre du grand bleu

Portrait panoramique

Une récompense artistique pour se souvenir, propulser et rassurer

Le prix Louis Schmidt de peinture

Un jeune artiste couronné à L'ULB

Des bleus à l'âme

La Lanterne, 12 décembre 1990, p. 2

Le prix Louis Schmidt de peinture



Un schaerbeekois d'origine grecque et une Everoise ont remporté ce concours organisé par la commune d'Etterbeek et l'ULB

Il y a quelques jours le bourgmestre etterbeekois Léon Defosset et le recteur de l'ULB, Françoise Thys-Clément ont remis un chèque de 100.000 francs à un jeune peintre Schaerbeekois d'origine grecque, Ioannis Triantafillidis (29 ans), premier prix du 41e Prix Louis Schmidt. Ce prix, organisé par Etterbeek en mémoire du bourgmestre Louis Schmidt décéde en déportation, s'adresse aux artistes de la Communauté française. La deuxième lauréate, récompensée par le prix Eugène Delattre, était également bruxelloise et plus précisément éveroise : Viviane Kral (27 ans).

Parmi les différents prix artistiques décernés dans notre pays, le prix de peinture et de sculpture Louis Scmidt est l'un des plus réputés. Organisé depuis plus de 40 ans par la commune d'Etterbeek, en collaboration depuis deux ans avec l'ULB, il honore la mémoire du bourgmestre Louis Schmidt décédé en déportation en 1944, et s'adresse alternativement aux peintres et aux sculpteurs de moins de 45 ans de la Communauté française.

Après la prestigieuse rétrospective organisée l'an dernier pour le 40e anniversaire de l'événement, aux cimaises de laquelle se retrouvaient les oeuvres d'anciens lauréats aujourd'hui valeurs confirmées de la peinture contemporaine comme Roger Somville, Georges Polus, André Willequet ou Jean-Marie Strebelle, on se demandait avec curiosité si le lauréat 1990 serait à la hauteur de ses aînés.

Le jury a été enthousiasmé par le talent de deux jeunes Bruxellois, Ioannis Triantafillidis (29 ans) et Viviane Kral (27 ans), qui remportent respectivement le prix Louis Schmidt sanctionné par un chèque de 100.000 francs et le prix Eugène Delattre d'une valeur de 10.000 francs.

Ioannis Triantafillidis représente un cas particulier dans la peinture contemporaine : ce jeune Grec vivant à Schaerbeek est en effet loin de la trajectoire habituelle du peintre, balisée par des études artistiques et des expositions successives. Issu d'une famille modeste, il s'est tourné à l'invitation de ses parents vers des études mécaniques rapidement interrompues.Il ravaille aujourd'hui dans le bâtiment pour assurer sa subsistance, et passe toutes ses soirées à l'académie de peinture d'Ixelles où il suit les cours d'Alain Jacquemin. Son professeur concourrait d'ailleurs également pour le prix, mais les faveurs du jury se sont portées sur les oeuvres de l'élève plutôt que sur celles du maître!

Auteur d'une peinture forte et superbe, à l'atmosphère glauque et aux bleux soutenus intitulée Tableau numéro 1, Ioannis Triantafillidis participait et exposait pour la première fois. Désireux de vivre un jour de sa seule peinture, il craint cependant les compromissions inévitables de l'artiste aux goûts du public, à partir du moment où sa subsistance est assurée par son oeuvre. Aujourd'hui, il préfère poursuivre ses journées de quinze heures, et utilisera le montant de son prix pour acheter du matériel, qu'il partagera avec son jeune frère Sarantis (26 ans), également peintre-ouvrier.

Après cette étonnante famille, la carrière de Viviane Kral, seconde lauréate, apparaît comme plus classique. Cette jeune femme fascinée par la perspective, a suivi des études artistiques à la Cambre, et a déjà à son actif plusieurs prix et plusieurs expositions. Son oeuvre, Rue Antoine Dansaert, présente la même qualité d'atmosphère dans un registre pictural très différent de son confrère. Autre différence, Viviane Kral, qui vit chez ses parents, est professionnelle depuis cinq ans.

Nous ne pouvons leur souhaiter rien de mieux que de connaître la même carrière que leurs prestigieux prédécesseurs.