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A 30 ans, le peintre bruxellois Ioannis Triantafillidis représente un cas particulier au coeur de la peinture contemporaine. Son itinéraire n'a jamais été celui d'un enfant gâté : un père mineur au Limbourg, une famille nombreuse et modeste exilée de Grèce, une scolarité chaotique à Schaerbeek qui se termine en cul-de-sac sur des études de mécanique interrompues, un boulot de maçon… La zone chantée par Renaud, bien plus que la bohème d'Aznavour ! Aujourd'hui, après un long apprentissage à l'Académie d'Ixelles et une reconnaissance de taille avec le prix Louis Schmidt 1990 (une distinction qui, en quarante ans d'existence, a récompensé des artistes comme Somville, Strebelle, Pollus et Willequet), l'avenir de Ioannis Triantafillidis est tout tracé : après une première exposition personnelle en décembre dernier, qui a surpris, par sa qualité et son ampleur, il dira adieu aux chantiers de construction pour travailler sa peinture puissante, ces bleus cassés, sourds et soutenus qui sont sa signature et qui, seuls, arrivent à traduire l'angoisse glauque qui alimente son besoin de peindre.
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